Dans les pas du grand-père

Buhlois de naissance, Colmarien d’adoption, chef d’entreprise durant vingt ans, Rémy Brauneisen a revêtu les habits d’historien-explorateur puis de romancier sur les traces de son grand-père, soldat durant la Grande Guerre.

 

Rémy Brauneisen devant la mairie de Guebwiller, où s’est déroulé le conseil de révision de son grand-père. PHOTO DNA-b.fz.

 

 

Pour Rémy Brauneisen , l’histoire commence il y a sept ans lorsqu’il cède ses parts dans l’entreprise qu’il avait créée pour débuter une autre vie. Et qu’il découvre fortuitement, chez ses parents, des photographies de son grand père Heinrich en Russie (aujourd’hui Biélorussie) durant le premier conflit mondial. « Très vite, j’ai été passionné par ce que ces images laissaient entendre, des connexions existaient entre ce soldat anonyme et ma propre vie puisque je connaissais bien, par mes voyages professionnels, cette région. Sans autre but que de reconstituer, pour moi, l’itinéraire de mon ancêtre, j’ai approfondi mes recherches, je me suis intéressé au régiment badois dont il faisait partie, au point d’éplucher tous les journaux de marches et d’opération de l’unité à Karlsruhe où ils sont archivés. J’ai ainsi appris que durant les quatre années de guerre il a également été en Artois ainsi qu’en Roumanie […] Mon grand père était un soldat ordinaire, noyé dans la masse, pas un héros. Il partageait la vie banale et angoissante de millions d’autres soldats ».

 

“L’heure du choix” croise deux destins, deux itinéraires

Le choix de coucher sur papier le fruit de quatre années de recherches s’est rapidement imposé à Rémy Brauneisen… tout comme celui de la forme. Telle une histoire épistolaire, “L’heure du choix” croise deux destins, deux itinéraires ; chapitres impairs celui de Michel, le narrateur du XXIe siècle, chapitres pairs l’histoire de Heinrich, chacun parlant à la première personne. « C’est un roman, souligne celui-ci, parce que j’ai “inventé” certaines situations secondaires, des réactions, des sentiments ; c’est un document fiable, car tout est historiquement vrai, vérifié et recoupé. Le livre peut même servir de “mode d’emploi” à quelqu’un qui voudrait reconstituer un fragment de l’histoire de sa famille ».

Un hymne au Florival

Histoire personnelle, histoire familiale, “L’heure du choix” est également un hymne au Florival, que Heinrich a quitté sous l’uniforme allemand en 14 et qu’il retrouve en tant que Français en décembre 2018. Et plus spécialement à Buhl, son industrie textile, le Bangala des “noirs”, la société Freiheit des “rouges” et la Frohsinn des “libéraux”, les premiers combats à l’été 14 et la présence de troupe française jusqu’au Saint-Barnabé, le conseil de révision à Guebwiller le 20 septembre 14…

Faute d’avoir réussi à attirer l’attention d’une grande maison, Rémy Brauneisen a fait le choix de devenir son propre éditeur… avec autant de passion et d’exigence qu’il a mises dans ses recherches et dans son écriture. “L’heure du choix” est un livre techniquement parfait et un roman passionnant.

"L’heure du choix", éditions du Levant d’Hiver (524 pages, 23,95 €), est en vente à la Maison de la presse à Guebwiller, et en librairie.

  ( Source  DNA par b.fz.  )